19 novembre – Les rencontres du GEHM – Paris, EHESS
Les philosophes nomment l’histoire. Ils l’appellent, par exemple, « perfectibilité », « philosophie de l’histoire », « civilisation », « tableau historique », « généalogie », etc. Or, en la nommant, ils la prennent en charge et l’écrivent à leur manière, qui n’est pas (toujours) celle des historiens. Ainsi les philosophes racontent-ils toutes sortes d’histoires – pour ne pas dire qu’ils se les racontent. C’est-à-dire qu’ils élaborent des récits, éventuellement fictifs et extrêmement divers, mais qui sont toujours des instruments de vérité. Ce sont ces historicités philosophiques que le présent ouvrage prend pour objet sous la forme d’un échantillon qui s’étend de Rousseau à Foucault. Aucune théorie générale n’est ici possible, il n’existe que des cas singuliers dont l’étude, comme le réclamait Nietzsche, retourne le dard de l’histoire contre elle-même – mais sous une forme qui emporte aussi la généalogie. Comment ne pas brûler ce que l’on a adoré ? C’est une fatalité. Croit-on donc qu’un philosophe, ça ne raconte pas d’histoires ? En tous les sens de l’expression, c’est tout à fait faux ! Voici donc une histoire de la philosophie en tant qu’elle raconte des histoires…