Cartographier l’environnement et la société (XVIIIe-XXIe siècle) Du gouvernement par les cartes au moment cartographique

9 mars – Rencontre – EHESS, Paris

Cette rencontre organisée par Alice Ingold (EHESS-CRH) et Marc Elie (CNRS-CERCEC), soutenue par le Centre de Recherches Historiques et l’ANR EcoBlogReg, dans le cadre du séminaire Histoire, sources et récits historiques dans les études environnementales, sera consacrée aux sources documentaires cartographiques et à leurs usages dans les études environnementales. Le renouvellement historiographique des études cartographiques a privilégié l’étude des cartes telles que les conçoivent et les mettent en œuvre leurs producteurs, et aussi telles que les consultent, les annotent et les utilisent diverses communautés d’usagers. C’est plus rarement que l’opération cartographique est analysée dans sa dimension temporelle et négociée. S’intéresser au « gouvernement par les cartes » s’inscrit pleinement dans une étude des instruments, des modes cognitifs et des pratiques de l’action publique.
À cette approche, où la carte est entendue comme modèle et projet de territoire, nous proposons d’ajouter une analyse du « moment cartographique » comme opération de négociation de droits, d’actions et de pratiques légitimes sur le territoire, entre les acteurs qui cartographient et les sociétés cartographiées. Plutôt que réservoir de faits ou d’informations, les documents sont envisagés comme des actions, des revendications, des mobilisations, à la fois sociale, juridique, technique et cognitive, qui contribuent à modifier la réalité dans laquelle agissent les acteurs. Dresser une carte engage des processus de légitimation croisée, qui sont autant de requêtes/prétentions sur une réalité : d’un côté affirmation de légitimité de la part des institutions qui construisent les cartes destinées à contrôler et réguler les pratiques ; mais aussi, de l’autre, volonté de reconnaissance de pratiques pour les acteurs dont les actions sont cartographiées