Premiers modes d’écriture de la Shoah. Pratiques savantes et textuelles de survivants juifs en Europe (1942-1965)
Ce projet, porté par Judith Lindenberg et Aurélia Kalisky, propose de s’intéresser aux formes d’écritures et de savoirs relatifs à la Shoah élaborés par sept auteurs juifs survivants entre 1942 et 1965 : Joseph Wulf, Michel Borwicz, Nachman Blumental, Noé Grüss, Jacques Presser, Abel Herzberg, H.G. Adler. Jusqu’ici, l’étude de ces auteurs n’a été menée qu’en les assignant à des champs du savoir déterminés (l’histoire d’une part, la littérature de l’autre). Notre approche consiste au contraire à examiner leurs pratiques dans toutes leurs dimensions, précisément à partir de leur caractère multiforme, en analysant la façon dont les savoirs élaborés et les modes d’écriture mis en œuvre transcendent les séparations habituelles entre les genres et les disciplines. Les méthodes particulières développées par ces auteurs sont analysées, d’une part, dans leur continuité avec certaines cultures savantes préexistantes et, d’autre part, comme des pratiques faisant rupture, prenant acte de ce que la “Catastrophe“ a fait aux savoirs sur l’homme. Cet examen doit permettre non seulement de saisir la valeur épistémologique propre aux manières de faire développées par les auteurs en question, mais aussi d’évaluer leur intérêt pour la recherche d’aujourd’hui, et ce à la fois dans le domaine spécialisé des recherches sur la Shoah et dans le domaine élargi de l’histoire des savoirs.