Christiane Klapisch-Zuber
Entre fin du Moyen Âge et Renaissance, le personnage du Bon larron fait son chemin dans la conscience et les dévotions des chrétiens d’Occident. Il accompagne les fidèles vers une « bonne mort » et trouve sa place dans les mises en scène des Lieux saints et les images de la Crucifixion. Médiateur entre l’Ancienne loi et la Nouvelle, entre le Paradis et l’Enfer, il évite le Purgatoire et suit un trajet parallèle aux débats du XIVe siècle sur le jugement individuel et l’accès à la vision de Dieu. Il devient enfin un modèle d’imitation du Christ quand les artistes italiens l’introduisent dans la Descente aux limbes. Et c’est ce rapport entre expérience, imaginaire de l’Au-delà et création artistique qui fait de lui, bien plus qu’un simple comparse du Golgotha, un catalyseur des nouvelles sensibilités issues des réformes religieuses.