La légende de Yosef della Reina, activiste messianique

Jean Baumgarten

Jean Baumgarten présente ici trois versions de la célèbre légende kabbalistique de Yosef della Reina, étudiée naguère par Gershom Scholem et Zalman Shazar. La première, en hébreu, date du XVIIe siècle, la deuxième fut rédigée en yiddish au XVIIIe, et la dernière est l’un des premiers poèmes composés en yiddish par le jeune Shmuel Yosef Agnon, alors âgé de 15 ans, bien avant donc qu’il ne devienne Prix Nobel de littérature. Cette légende raconte l’histoire d’un anti-héros qui voulut accélérer la venue du Messie par des moyens magiques et des techniques mystiques. Son histoire se termine dans un fiasco tragique, par sa chute et sa disparition. Ce personnage mythique a nourri l’imaginaire religieux des juifs à toutes les époques depuis l’Espagne médiévale d’avant l’Expulsion de 1492 jusqu’à l’époque contemporaine. L’ouvrage présente trois versions de cette légende : La première a été rédigée en hébreu par Salomon Navarro au XVIIe siècle. Après l’échec de l’aventure de Shabbatai Tsevi, un juif d’Amsterdam, Leyb Oyzer, rédigea, au début du XVIIIe siècle, une nouvelle version en yiddish pour condamner les errements du « pseudo-messie ». Le prix Nobel de littérature, Shmuel Yosef Agnon, rédigea un poème sur l’aventure tragique de ce héros. L’historien de la mystique juive, Gershom Scholem, et Zalman Shazar, futur président de l’Etat d’Israël, furent parmi les premiers à étudier cette histoire qu’ils considéraient comme un des grands mythes de la littérature juive.