30 septembre-2 octobre – Workshop international – Paris, Collège de France
Ce workshop part de l’hypothèse de l’existence d’un lien étroit entre guerre et travail dans la construction et l’évolution des empires, depuis le rôle majeur des captifs de guerre dans l’Europe, l’Asie et les Amériques prémodernes ou précoloniales, jusqu’aux diverses formes du recrutement pratiquées dans les empires (terrestres et maritimes) de ces trois continents. Les captifs, mais aussi les paysans, furent à la fois soldats, marins, et parfois même colons.
D’un autre côté, à partir du 17e siècle, les immigrants, tout comme les soldats et les marins, furent eux aussi soumis à des législations coercitives, d’inspiration militaire, au point que les mots déserteur et fugitif furent appliqués à la vaste palette de ces conditions diverses. Les soldats et la population locale ordinaire prirent part, au côté de recrutés et de soldats, aux entreprises de travaux collectifs conduites par les villages, les états, les compagnies privées et les propriétaires fonciers.
Les formes du recrutement contraint demeurent importantes tout au long du 19e siècle (système de la presse en Grande Bretagne et ses variantes à travers l’empire, recrutement en Russie, etc.). Elles persistent tout au long du 20e siècle (en Europe au cours des guerres, hors d’Europe durant et après la colonisation et la décolonisation) et subsistent encore de nos jours avec les enfants soldats.
Là encore, la connexion entre recrutement contraint et migration forcée est essentielle. Celle-ci prend cependant un tour nouveau au 20e siècle avec le déplacement massif de populations dans l’empire soviétique et dans de nombreuses régions d’Afrique et d’Asie, si bien que la distinction entre réfugiés, recrutés et travailleurs apparaît souvent très fragile.