Roger Chartier et Christian Jouhaud (dir.)
Paris, L’Atelier du CRH, 16bis, 2017
Des écritures ordinaires à l’approche anthropologique des pratiques littéraires, les livres et les articles de Daniel Fabre accordent une place primordiale à l’écrit. Les contributions rassemblées dans ce volume tentent d’explorer cette centralité. Issues d’un colloque tenu à l’EHESS en septembre 2016, elles ne proposent pas un regard panoramique sur une œuvre dont on commence à peine à mesurer la richesse et l’ampleur ; elles en explorent plutôt quelques cantons où, à chaque fois, les questions soulevées à propos de l’écriture comme pratique de symbolisation du monde se trouvent abordées avec la même intensité. Les objets et les terrains de Daniel Fabre changent, mais il n’y en a pas de principaux et de secondaires : l’acuité du regard et l’engagement intellectuel ne fléchissent pas, qu’il s’agisse des rapports entre écrit et oral, du corps de l’écrivain, des institutions de la littérature, de l’autobiographie ou de l’historicité des pratiques. A chaque fois, part est faite à la réflexivité : comment se tenir en tant qu’anthropologue face à la littérature aussi bien que face à l’écrit « ordinaire » ?
Les douze auteurs rassemblés dans ce volume rendent hommage au travail de Daniel Fabre et surtout montrent en quoi ses hypothèses, ses problématiques, ses conclusions et son écriture prennent sens dans leurs propres recherches. Sur ce plan, Bataille à Lascaux, le dernier livre, occupe une place particulièrement féconde et inspirante.