Jacques Revel (dir.)
L’Atelier du CRH, 17Bis, 2018, 212 p.
A l’École des hautes études en sciences sociales qu’il avait rejointe en 1991, la recherche et l’enseignement d’Alain Dewerpe ont, pour l’essentiel, été consacrés à l’histoire des mondes de l’industrie du XVIIIe au XXe siècle. Depuis ses premiers travaux, sur la proto-industrialisation en Italie et en France, jusqu’à à la longue recherche qu’il a consacrée à la grande entreprise génoise de sidérurgie et de mécanique Ansaldo, les mêmes thèmes se font écho : la formation d’une main d’œuvre, l’organisation du travail industriel et ses tensions, les formes de la production et les espaces matériels dans lesquels elle s’inscrit. Parallèlement, Alain Dewerpe a très tôt amorcé une réflexion sur l’État, qu’il n’a cessée d’approfondir. Le programme de ce qu’il a lui-même défini comme une « anthropologie de l’État » est explicité dans deux grands livres savants, longuement préparés, Espions. Une anthropologie historique du secret d’État contemporain (1994) et dans Charonne. Anthropologie historique d’un massacre d’État (2006), qui illustrent l’ambition, l’audace et le sens de l’expérimentation d’un grand historien.